David A.Sneed a 58 ans et est dans les couloirs de la mort de l’Ohio depuis maintenant 34 ans. Il sait depuis 2017 qu’il sera exécuté. Une première date d’exécution a été programmée pour le 1er août 2018, reportée au 9 décembre 2020.
Finalement, le 5 juin, le gouverneur de l’Ohio a reporté l’exécution au 19 avril 2023, comme celles de deux autres condamnés qui devaient être exécutés en 2020. Le motif est que l’Etat ne parvient pas à s’approvisionner en produits nécessaires à l’injection létale… Une demi bonne nouvelle donc. David va être épargné encore trois ans mais l’épée de Damoclès reste bien présente au-dessus de sa tête et ses conditions de détention demeurent terribles.
En principe, les personnes condamnées à mort ont les mêmes droits que les autres détenus, garantis par les Règles Nelson Mandela. Les États-Unis violent pourtant plusieurs de ces normes minimales dans la plupart de ses couloirs de la mort et la situation de David s’apparente à de la torture à plusieurs titres :
L’isolement cellulaire prolongé : Les 141 condamnés du couloir de la mort de l’Ohio sont maintenus au minimum 20h par jour à l’isolement cellulaire, souvent plus. Un isolement cellulaire prolongé, pour une durée indéterminée et excédant 15 jours est constitutif de peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant voire, selon les cas, de torture.
D’autres conditions de détention indignes à relever et dénoncer: Les condamnés ne sont autorisés à sortir à l’air libre qu’une heure par jour, seulement cinq fois par semaine. Ils n’ont droit qu’à deux visites, sans contacts physiques, deux fois par mois et pour une durée maximum de 4 heures. Plusieurs condamnés ont déjà indiqué que la prison était sale, vieille et très vétuste. En conséquence, nombre de condamnés tomberaient malades. Certains ont trouvé des rats morts. L’eau est impropre à la consommation.
Le syndrome du couloir de la mort: Il s’agit des troubles psychologiques qui surviennent dans le couloir de la mort du fait de l’incertitude et de l’angoisse constantes dans la perspective de l’exécution. Dans le cas de David, cette ombre plane sur lui très concrètement depuis 3 ans.
Il s’avère que David Sneed souffre d’une maladie mentale et a des troubles cognitifs qui frisent la déficience intellectuelle. On lui a diagnostiqué « un trouble bipolaire maniaque sévère et un trouble schizo-affectif impliquant des hallucinations et des délires ». Son QI est nettement inférieur à la moyenne. A son procès, deux psychiatres ont constaté que sa maladie mentale et ses capacités intellectuelles réduites l’empêchaient de comprendre la criminalité de ses actes. David a également souffert de sévices physiques et sexuels et de négligence graves dans son enfance.
L’ensemble de ces circonstances atténuantes auraient dû empêcher sa condamnation à mort et, en tout état de cause, devraient interdire son exécution.
Il est illégal d’exécuter une personne atteinte de déficience intellectuelle et/ou de maladie mentale aux Etats-Unis. Néanmoins, comme David peut sembler stabiliser par les psychotropes qu’il prend, cela permet aux autorités d’ignorer ces questions.
Pour lui écrire (en anglais) :
My thoughts are with you and I wish you
strength and courage in this ordeal.
David Sneed A192040
Chillicothe Correctional Institution
PO Box 5500
Chillicothe, OH 45601
États-Unis