Le 23 mars 2022, elle est convoquée par la Brigade nationale de police judiciaire à la suite de propos tenus sur les réseaux sociaux la veille. Elle y critiquait Abdellatif Hammouchi, à la tête de la Direction générale de la sûreté nationale (équivalent de la police nationale) et de la Direction générale de la surveillance du territoire (renseignement intérieur) pour avoir envoyé des agents enquêter à son sujet. Elle est alors inculpée pour « outrage à un organisme réglementé par la loi », « outrage à des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions », « mépris des décisions judiciaires » et « diffusion et distribution de fausses allégations sans accord ». Elle n’a pas pu faire appel à un avocat pendant sa garde à vue de 48 heures ni pendant les 10 premiers jours de son incarcération. Elle est condamnée le 29 avril 2022 par le Tribunal de première instance de Casablanca à deux ans de prison ferme et à une amende de 5 000 dirhams (environ 500 €). Pendant la phase du procès en appel, elle se met en grève de la faim, protestant contre sa détention arbitraire et le refus de l’amener aux audiences. Le 21 septembre, la cour d’appel de Casablanca alourdit sa peine, portée à trois ans de prison ferme. Elle est actuellement détenue à la prison locale d’Oukacha, à Casablanca.
Lors d’une visite de son avocat le 21 juin 2023, elle lui fait part de ses problèmes de santé et pense être espionnée dans sa cellule par l’intermédiaire d’une caméra dissimulée, ce qui constituerait une violation grave de son intimité qui n’est pas justifiée. Par ailleurs, elle est placée en isolement depuis le début de sa détention. Elle n’a droit qu’à une demi-heure de sortie hors de sa cellule, ce qui constitue une violation des règles des standards internationaux minimum en matière de détention et peut-être considéré comme de la torture. Malgré ces circonstances difficiles, elle garde un bon moral et un engagement indéfectible pour les combats qu’elle mène.
L’arrestation et la détention en mars 2022 de Saïda El Alami intervient au début d’une nouvelle vague de répressions. Après s’être attaqué aux journalistes indépendants le pouvoir marocain concentre ses attaques sur les défenseurs des droits humains et autres opposants politiques.
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Pour lui écrire :
Maître Souad Brahma
Action NDV 2024,
4, Boulevard Mohamed V, Résidence Al Mahatta, Appartement 42,
26100 Berrechid,
MAROC