Militante depuis 1984 au sein de l’ACAT et membre du groupe de travail de sensibilisation des églises, Christiane Bertin a eu le privilège de voir naître la Nuit des veilleurs. Dans cette interview, elle nous partage son expérience et nous explique l’origine de cet évènement ainsi que son évolution au cours de ces quatorze dernières années.
J’ai eu la chance de participer à la création de la Nuit des veilleurs – A l’époque, je faisais partie de la Commission National d’Animation qui s’occupait des contacts avec les groupes locaux de notre association. C’est Anne-Cécile Antoni, alors vice-présidente de l’ACAT qui a eu l’idée de lancer cet événement. La vision des créateurs était de marquer la Journée Internationale pour le soutien aux victimes de la torture créée par l’ONU, de notre spécificité chrétienne. C’était une occasion unique de fédérer de nombreux chrétiens à travers le monde, notamment par le biais de la FIACAT (Fédération Internationale des ACAT), tout en mettant la prière au centre de cette action.
Au départ, nous voulions atteindre les adhérents de manière individuelle. Sur le site, les participants indiquaient leurs heures de recueillement personnel de façon à ce que la nuit du 25 au 26 juin soit couverte par une chaîne de prières. Cette disposition a duré quelques années et puis nous avons changé le format de la Nuit des veilleurs pour privilégier des initiatives plus collectives. De même, la date de 26 juin a été assouplie. Les événements peuvent se tenir avant ou après, ou pendant le weekend le plus proche. Cela permet d’organiser des veillées dans les églises le dimanche et d’impliquer davantage les paroisses. Nous avons aussi ajouté des prières plus personnalisées en ciblant les victimes. Enfin l’adoption d’un thème pour chaque année a commencé il y a à peu près douze ans. Basé sur une réflexion biblique menée par le groupe de pilotage, il oriente davantage notre action spirituelle.
La Nuit des veilleurs a permis plus d’implication des groupes locaux de l’ACAT. Elle nous pousse aussi à contacter des églises de différentes confessions afin de partager un temps œcuménique avec eux. Notre communication touche aussi les congrégations chrétiennes et associatives à des niveaux régionaux et nationaux et les incite à prier et à agir.
Souvent, la torture reste une notion assez abstraite pour le grand public. La Nuit des veilleurs rend cette question plus concrète et pousse les personnes à se mobiliser. Cet évènement permet donc de donner une vraie visibilité à la lutte contre la torture avec des sujets concernant les victimes et les bourreaux.
La phrase « Mais délivre nous du mal » provient d’un passage de la prière du « Notre Père » qui est dite par des chrétiens de différentes confessions. Dans ce contexte, le mal fait référence à la torture. Le mal c’est porter atteinte à l’humanité. Mais le mal est en chacun de nous chaque fois que nous dominons l’autre. Nous voulions donc réfléchir au mal que l’on peut causer autour de soi et aux manières de se délivrer de ce mal, notamment grâce au Christ.
Cette année, nous avons complètement refait le site internet. Ce projet s’est particulièrement bien passé entre le Groupe de Sensibilisation des églises et le Secrétariat National de l’ACAT. D’un côté, nous avons apporté nos connaissances en termes d’expériences, de convictions chrétiennes, ou de contacts et de l’autre côté, le Secrétariat s’est occupé de la partie technique telle que les actualités sur les victimes de la torture, la communication, le design… Ce fut un bel exemple de complémentarité entre les bénévoles et le Secrétariat.