Non, ce n’est pas facile, Seigneur, de s’oublier soi-même pour penser aux autres,
de céder un peu de temps pour le consacrer aux autres, de se priver pour donner aux autres,
pas facile de se taire pour écouter les autres, pas facile de comprendre l’inquiétude des autres,
pas facile de souffrir de la souffrance des autres, pas facile de se mettre à la place des autres.
Des autres … c’est-à-dire … de nos frères …
De ce frère qui nous dérange et qui nous importune, de ce frère dont le regard nous
impressionne,
de ce frère dont le visage nous questionne, de ce frère dont la voix, le cri, ou le silence nous
trouble,
de ce frère qui attend, de ce frère qui espère, de ce frère, Seigneur, dont tu nous parles
quand tu nous dis au plus profond de nous-mêmes : Qu’as-tu fait de ton frère ?
Qu’as-tu fait de ton frère ? De celui qui a faim, de celui qui est malade, de celui qui est seul,
de celui qui est inquiet, de celui qui est prisonnier, persécuté, torturé, de celui qui est
abandonné.
Et moi, Seigneur, sûr de ma tranquillité et de mon abondance,
sûr de ma certitude et de ma suffisance, je te réponds :
Suis-je responsable de mon frère ?
Il y a tant de cas, tant de drames … il y a tant d’appels, tant de souffrances dans le monde …
Aide-nous, Seigneur, à voir, aide-nous à entendre, aide-nous à comprendre,
aide-nous à être disponibles, aide-nous à faire pour nos frères, selon nos possibilités,
mais tout ce qui est possible selon le nombre de talents reçus sans en dissimuler un seul …
Pour le reste, Seigneur, pour tout ce qui nous dépasse, pour ce qui concerne … l’impossible,
nous savons bien que tu es là, alors … nous comptons sur toi.
Anonyme