Le livre de Job est d’une beauté et d’une puissance inégalées. Sa profondeur de pensée et de sentiment, le saisissant éclairage qu’il porte, et la transcendance de sa poésie dans la section centrale lui donnent une place unique, non seulement dans les écritures mais aussi dans toute la littérature. Ce livre se distingue également à cause de son contexte historique. D’une part, certains aspects de la vie de Job rappellent celle d’Abraham : La richesse de Job comme celle d’Abraham se mesurait au nombre d’animaux domestiques. Comme Abraham, Job offrait ses propres sacrifices à Dieu, sans l’intermédiaire d’un prêtre. C’est pour des raisons telles que celles-ci que maints érudits ont situé le Livre aux temps d’Abraham durant l’âge de Bronze (2000-1500 AC)
Cependant, le Livre de Job en lui-même n’offre pas de repère historique spécifique. Dans l’ancien testament, où spécificité géographique et chronologique sont courantes, l’introduction de Job ouvre sur la traditionnelle phrase « il était une fois, dans un pays lointain ». La seule chose que nous apprenons c’est l’existence d’un homme dans le pays d’Uz, qui s’appelle Job ». (Job 1 :1) Localiser le pays d’Uz est malaisé, mais il se situait vraisemblablement en Edom plus qu’en Israël. Le nom ‘Uz’ apparait plusieurs fois comme un nom Edomite (Gen. 36 :28 ; 1Chr 1 :42). Il n’est donc pas déraisonnable d’associer Uz à Edom. Les trois amis de Job, apparaissent comme étant des enseignants de sagesse, et Edom était connu pour ses hommes sages (voir « La sagesse dans le proche orient » Prov 22 :17) En effet, le premier ami de Job, Elifaz le Temanite, a lui aussi un nom Edomite (voir Gen. 36 :15, 16). Si Job était Edomite, il ne viendrait pas de l’époque d’Abraham, puisque les Edomites sont des descendants du petit fils d’Abraham Esau.
En plus d’un lieu géographique qui pourrait être Edomite ou du moins non-israélite, tout ce qu’offre le Livre de Job est le contexte intellectuel d’une tradition de sagesse. C’est de loin la donnée contextuelle la plus importante. Le Livre exprime à la fois une parenté avec les sages et son antagonisme par rapport aux sages que représentent les trois amis de Job Elifaz, Bildad et Zofar. Alors que ces amis s’efforcent de ‘réconforter’ Job, leur sagesse n’est autre qu’une succession de proverbes. Et lorsque Job s’inscrit en faux contre ses amis, il remet en partie en cause les fondements de cette sagesse.
De façon plus marquante encore, Job rejette le point de vue du sage que le monde est ordonné, que tout est organisé autour de principes justes. La tragédie de Job n’est pas juste. Etre juste ne garantit pas la bonne fortune. Le malheur frappe aussi les gens biens. L’argument de ses amis –que Job ne peut qu’avoir péché pour subir de telles souffrances- montre bien l’indigence de ce modèle de sagesse. Job rejette également l’idée que la sagesse trouve son fondement dans la tradition. Ses trois amis représentent un enseignement enraciné dans la tradition, et Job le refuse (Job 12 :2,3)
Cependant, Job ne doit pas abandonner sa quête de lumière et n’abandonne jamais complètement son espoir de justice. Il ne se départit pas non plus de sa foi en la connaissance par l’expérience. En effet, c’est l’expérience qu’il recherche : il demande d’avoir le droit de voir Dieu, pour lui adresser sa plainte. Son souhait lui est accordé lorsque Dieu apparait majestueusement et parle (Job 38—41). Job ne reçoit pas réponse à toutes ses questions, mais cela lui est suffisant pour faire l’expérience de Dieu lui-même. Le Livre de Job s’inscrit dans le contexte de la tradition de sagesse d’Israël, mais à quelle étape de la longue histoire de la sagesse d’Israël ? L’histoire de Job était de toute évidence connue du prophète Ezéchiel, alors qu’il prêchait en exil à Babylone et qu’il présentait Job comme exemple de Justice. (Ezek. 14 :14, 20)
Fait plus certain encore que la datation de l’histoire de Job ou de la rédaction du livre de Job, il a connu la notoriété pendant et après sa captivité Babylonienne. Il est aisé de comprendre pourquoi : un peuple ébranlé par la destruction de tout ce qui lui était cher –sa nation, sa cité, son temple—se heurtait aux mêmes questions que celles auxquelles Job lui-même était confronté. Au vu de l’absence d’informations solides sur le contexte historique du Livre de job, il est possible d’interpréter le Livre à la lumière de la souffrance de l’Exile et des questions que rencontrent les exilés. Le Prologue (Job, 1 ;2) aborde la question de ce qui pousse Job à servir Dieu. Satan insinue que les gens mènent un vie droite par égoïsme, et non par amour de Dieu. Dieu, toutefois, exprime son entière confiance en Son serviteur Job devant les nuées du ciel, citant Job comme preuve que dans la vie, il est possible de vivre sans péché et avec droiture.
Texte envoyé par John Milton, condamné à mort au USA, à ses correspondants ACAT