Entouré fidèlement et calmement
de puissances bienveillantes,
Protégé et consolé merveilleusement,
Je veux vivre tous ces jours avec vous
Et avec vous aller vers l’an nouveau ;
Le passé veut encore martyriser nos cœurs,
Le lourd fardeau des jours mauvais nous pèse encore.
Ah ! Seigneur, accorde à nos âmes effrayées
Le salut pour lequel tu nous as créés.
Et si tu nous tends la coupe lourde et amère
De la souffrance, emplie jusqu’à l’extrême bord,
Nous la prendrons reconnaissants et sans trembler
De ta main toute bonne et de nous bien-aimée
Pourtant si tu veux encore nous offrir la joie
A la vue du monde et à l’éclat du soleil,
Nous ferons mémoire du passé
Et toute notre vie sera tienne.
Laisse aujourd’hui briller les chandelles chaudes et claires
Que tu as disposées jusque dans nos ténèbres
Et s’il se peut, encore une fois rassemble-nous,
Nous le savons, ta lumière reluit dans la nuit.
Quand un silence profond règne tout autour de nous,
Fais-nous entendre toutes les voix de ce monde
Qui nous entoure invisiblement,
Hymne suprême de tous tes enfants.
Merveille ! Protégés par des puissances bienveillantes
Nous attendons sans crainte ce qui peut advenir.
Dieu est près de nous soir et matin
Et le sera, c’est sûr, chaque jour nouveau.
Poème/prière de Dietrich Bonhoeffer, Nouvel An 1945, écrit en prison. Il fut
exécuté le 9 avril 1945.
(Résistance et soumission, Lettres et notes de captivité,
Dietrich Bonhoeffer, Labor et Fides, 2006, p. 492, 493)