1 Vietnam
Nguyễn Ngọc Như Quỳnh, dite Mère Champignon (Me Nam)
Le 17 octobre 2018, la blogueuse et défenseure des droits humains Nguyễn Ngoc Nhu’ Quỳnh – alias Me Nam – a quitté le Vietnam à bord d’un avion pour Taïwan, avec pour destination finale les Etats-Unis. Libérée le jour-même de la prison n° 5 de la province de Thanh Hoa où elle purgeait une peine de 10 ans de prison pour « propagande anti-Etat », la blogueuse a enfin pu retrouver ses deux enfants et sa mère, qui ont embarqué à ses côtés vers une nouvelle vie.
Elle a chaleureusement remercié l’ACAT pour son soutien, à travers un mot et une vidéo, dans laquelle elle explique à quel point notre soutien l’a portée et la porte encore, dans son exil :
« Merci de me donner cette opportunité de vous remercier tous pour votre soutien vital envers ma famille et moi lorsque j’étais en prison. Je voudrais remercier en particulier l’ACAT pour son combat pour obtenir ma libération.
Mes chers amis, lorsque j’étais en prison, les autorités me disaient sans cesse que je croupirais en prison et que personne n’en aurait rien à faire. Que je serais oubliée. Lorsque les gardes me répétaient ça, je savais que ce n’était pas vrai. (…) Je n’ai jamais été seule. Ma liberté aujourd’hui a été rendue possible par les efforts sans faille et les contributions de nombreux amis, soutiens et organisations de défense des droits humains. L’ACAT en fait partie.
(…) Obtenir ma libération individuelle dans un autre pays loin du Vietnam n’a jamais été mon objectif. Mon rêve et ma lutte ont toujours eu pour but de faire partie de 90 millions de citoyens libres du Vietnam, vivant leur vie en jouissant de leurs libertés fondamentales, dont les droits humains seraient respectés et protégés, et libres de s’engager dans un processus d’auto-détermination. Je sais ce que je dois faire avec ma liberté nouvellement acquise : faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que mes compatriotes au Vietnam se dressent individuellement et collectivement pour conquérir nos propres peurs et se battre pour épancher notre soif de liberté.
Voilà ce à quoi j’aspire, peu importe où je me trouve. Merci à l’ACAT et à ses membres pour leur soutien continu à ma lutte pour une réelle liberté au Vietnam. Que Dieu vous bénisse tous. »
2 Gabon
Bertrand Zibi Abeghe
Bertrand Zibi Abeghe, ancien député démissionnaire du Parti démocratique gabonais (PDG) – au pouvoir – et proche de l’opposant Jean Ping, attend dans le quartier disciplinaire appelé « C.A » de la prison centrale de Libreville. Il attend des nouvelles de la Justice. Arrêté fin août 2016, il n’a toujours pas été jugé. Le régime gabonais voulait que cet opposant soit en prison. Aucun procès n’est en vue.
Bertrand a été arrêté le jour de la proclamation des résultats controversés de la présidentielle donnant Ali Bongo vainqueur, après un processus électoral non transparent. Plus d’une centaine de cadres et de militants de l’opposition ont été arrêtés en même temps que lui. Après quatre jours de détention à la Direction générale des recherches (DGR), où il était maintenu au secret et subit brimades et sévices, il a été transféré à la prison centrale de Libreville. Huit mois de détention provisoire plus tard, la justice gabonaise lui a indiqué qu’il est poursuivi pour « détention illégale d’une arme à feu », « non-assistance à personne en danger » et « crime contre la paix public ».
Il n’a plus de nouvelle de la justice depuis mai 2018. Selon le code de procédure pénale gabonais, le juge d’instruction doit boucler son enquête dans un laps de temps de 18 mois maximum. Etant donné que Bertrand Zibi Abeghe est détenu depuis plus de 28 mois, sa détention est aujourd’hui clairement illégale.
3 Bahreïn
Abdulhadi Al-Khawaja
Non seulement Abdulhadi Al-Khawaja demeure emprisonné, mais ces conditions de visites familiales ont été modifiées. Comme pour Nabeel Rajab, elles se déroulent désormais derrière une vitre, empêchant tout contact physique.
4 Rwanda
Victoire Ingabire
L’opposante Victoire Ingabire, présidente des Forces démocratiques unifiées Inkingi (FDU-Inkigi), est libre depuis le samedi 15 septembre 2018 au matin. Elle a bénéficié, comme 2 140 prisonniers, de la grâce présidentielle après avoir, selon les autorités rwandaises, demandé « pardon ». Victoire Ingabire avait voulu se présenter à l’élection présidentielle de 2010 face au président Paul Kagame, au pouvoir depuis 1994 et la fin du génocide. Elle avait été arrêtée en octobre 2010 et condamnée en décembre 2013 à 15 ans de prison pour « minimisation de génocide » et « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre » sur la base d’aveux de témoins extorqués sous la torture.
5 Maroc
Naâma Asfari
Pour la première fois depuis octobre 2016, Naâma Asfari a pu recevoir la visite de sa femme Claude Mangin-Asfari. Cette dernière avait été interdite de territoire marocain depuis octobre 2016 et avait également mené une grève de la faim pour protester contre cette interdiction et alerter le gouvernement français pour qu’il intervienne. Par ailleurs, Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avait soulevé dans un rapport adressé au Conseil des droits de l’homme à l’ONU en septembre 2018, le cas de Naâma Asfari et les représailles qu’il subit depuis la condamnation du Maroc par le Comité contre la torture.
6 Mexique
Roberto Carlos Ruíz Hernández
Roberto Carlos a reçu plus de 700 courriers de différents pays après la Nuit des veilleurs 2018. Cela l’a beaucoup aidé à sa sortie de prison. Peu après, il a préféré déménager sur la côte mexicaine avec sa famille. On ne sait pas s’il a finalement rejoint les États-Unis comme il l’espérait. Il n’a pas maintenu le contact avec le Centre des droits humains Frayba qui assurait son accompagnement juridique au Chiapas et n’a pas souhaité maintenir sa plainte pour torture.
7 Tunisie
Rached Jaïdane
Après que la Cour d’appel de Tunis a donné, en décembre 2017, un arrêt retenant la prescription des faits concernant les tortures subies par Rached Jaïdane, le transfert du dossier en juin 2018 par l’Instance Vérité et Dignité (IVD) offre un nouvel espoir pour rendre justice et voir les auteurs présumés condamnés. L’IVD a ainsi inculpé 9 auteurs présumés pour 6 chefs d’inculpation sur la base de plusieurs articles du Code pénal tunisien. Une première audience a eu lieu le 4 octobre 2018 et depuis le 6 décembre 2018, de nouvelles audiences ont lieu.
8 Mauritanie
Abdellahi Matalla Saleck et Moussa Bilal Biram
Abdellahi Maatalla Saleck et Moussa Bilal Biram, membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), ont recouvré leur liberté après avoir purgé une peine de deux ans de prison. Ils avaient été arrêtés arbitrairement le 30 juin 2016, puis condamnés à l’issue d’un procès inique et sur la base d’aveux extorqués sous la torture.
9 Chine
Wu Gan (吴淦)
Le militant des droits humains Wu Gan purge toujours sa peine de 8 ans de prison à Tianjin, dans le Nord du pays. Son appel avait été rejeté en avril 2018. Selon son père, son moral est bon, et il a souhaité à tous ses soutiens une belle année lunaire du Cochon.
10 États-Unis
Daniel Gwynn
Daniel Gwynn a reçu de nombreux courriers de soutien après la Nuit des Veilleurs de juin 2018. Il en a été extrêmement touché. Certains membres ACAT ont même entrepris de correspondre régulièrement avec lui après cela.
Daniel attend des audiences en 2019 qui pourraient peut-être, dans un premier temps, aboutir à une commutation de peine. Il espère toujours pouvoir faire reconnaître son innocence.
Ses conditions de détention dans le couloir de la mort de Pennsylvanie sont toujours aussi dures. En attendant, il continue de s’investir dans des projets artistiques. On trouve notamment en ligne son autobiographie illustrée par ses peintures : www.artforjustice.org/gwynn.html