La crise sanitaire déclarée dans la province du Hubei en ce début d’année, n’a cessé de se répandre inexorablement à travers le monde, sans moyen de s’en prémunir. Elle affecte les corps, bouleverse les institutions comme nos modes de vie et génère nombre de peurs.
Or la peur est mauvaise conseillère. Ainsi dès le début du mois de mars, consciente des enjeux, la Haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations-Unies, Madame Michelle Bachelet, a tenu à affirmer haut et fort que dans une période comme celle que nous connaissons, « les droits de l’homme doivent être au cœur des décisions ». Le sacrifice de nos droits et libertés ne nous aidera pas à résoudre la crise sanitaire. C’est au contraire en les réaffirmant que nous la surmonterons dignement.
La France est aujourd’hui durement touchée par cette crise sans précédent, et ses dirigeants se trouvent contraints de réagir dans l’urgence et la précipitation que la gravité de la situation exige. L’Etat d’urgence sanitaire est en vigueur dans notre pays depuis le 24 mars, permettant de restreindre les libertés publiques afin d’instaurer le confinement et opérer des réquisitions, sans ouvrir, cependant, la voie à l’arbitraire. Les pouvoirs confiés restent encadrés dans le temps comme dans leur champ d’application.
Organisation chrétienne de défense des droits de l’homme, depuis plusieurs décennies, l’ACAT entend continuer à remplir pleinement sa mission tout au long de cette période difficile et sans précédent : veiller au respect des droits et libertés fondamentales, en France comme dans les pays où elle intervient auprès de ses partenaires locaux; interpeller les autorités qui feraient un usage abusif ou illégal de leurs prérogatives; affirmer sa solidarité, soutenir et défendre les droits des opprimés dans cette période sombre.
L’ACAT exerce cette vigilance depuis les premiers jours en France et au-delà de ses frontières. Elle s’est déjà associée à des communications appelant à la prise en compte des plus vulnérables tels que les personnes sans domicile ou placées en foyer d’hébergement, en institution sanitaire et sociale, condamnées à la détention ou contraintes à la rétention, …
Elle le fera aussi longtemps que durera cette période, continuant ainsi à respecter et à faire vivre le mandat qu’elle s’est donné à sa création, en 1974.
Tout au long des jours et semaines à venir, notre ONG exercera une vigilance soutenue et s’attachera particulièrement à :
En effet, la tentation autoritaire est grande dans cette période d’incertitude. Les succès obtenus par certains régimes autoritaires, et soigneusement mis en avant, peuvent conduire certains à se laisser convaincre par ce type de mesures.
Ils se trompent. Ce ne sont pas les mesures autoritaires qui ont permis le recul du virus, constaté récemment en Chine. Aujourd’hui, beaucoup s’accordent à dire qu’elles ont eu une incidence non négligeable sur le déroulement de la crise. Car en réduisant au silence les voix dissidentes comme celle du docteur Li Wenliang, décédé à 33 ans des suites du Coronavirus, un des tout premiers à avoir alerté sur l’apparition du virus et sa dangerosité, la Chine a pris du retard dans la lutte contre le virus et sa propagation. De même, qu’en censurant les propos sur la gravité de l’épidémie de l’urgentiste chinoise Ai Feng, les autorités n’ont fait que semer le doute sur leur façon de gérer la crise. Les satisfécits accordés à la Chine par l’OMS, sans s’inquiéter de ces dérives ni du danger qu’elles représentent dans la lutte contre ce virus, ont été une erreur.
Ne tombons pas dans ce piège à notre tour. Restons convaincus de la force de nos valeurs.
Bernadette Forhan
Présidente