Prageeth Eknaligoda a été enlevé le 24 janvier 2010, par deux anciens membres des services des renseignements, puis remis entre les mains de l’armée. Son crime ? En tant qu’analyste politique et caricaturiste, il publiait régulièrement des dessins critiques du pouvoir répressif alors en place au Sri Lanka. Il a d’ailleurs été enlevé deux jours avant l’élection présidentielle de l’époque.
Par la suite, sa famille, et plus particulièrement son épouse, s’est heurtée à de nombreux obstacles politiques et judiciaires pour rétablir la vérité sur sa situation, malgré une forte mobilisation internationale en sa faveur. En effet, ce n’est que cinq ans après sa disparition, grâce à un changement de présidence à la tête du pays, qu’une enquête a été ouverte. Neuf suspects – membres des renseignements militaires – ont été arrêtés mais rapidement libérés sous caution.
Un procès a finalement été ouvert en 2019 et les neuf agents des renseignements impliqués dans son enlèvement n’ont été placés en détention provisoire que récemment, plus de dix ans après la disparition de Prageeth Eknaligoda. Par ailleurs, de nombreux témoins au procès ont modifié leurs déclarations initiales, après avoir subi des pressions et des menaces. L’épouse de Prageeth, Sandya Eknaligoda, a, elle aussi, fait régulièrement l’objet de harcèlement, d’intimidations et de menaces.
Le cas de Prageeth n’est pas isolé : le Sri Lanka est l’un des pays qui enregistre le plus grand nombre de disparitions forcées au monde : près de 65 000 personnes rien qu’au cours du conflit armé au Sri Lanka qui s’est terminé en mai 2009. Par la suite, des enlèvements d’opposants politiques ont été commis. Or, les enquêtes sur les crimes commis par les forces de sécurités Sri Lankaises durant cette période sont au point mort et les entraves à la justice telles que celles rencontrées par la famille de Prageeth ont été régulièrement dénoncées à l’échelle de la communauté internationale, jusque récemment.
L’ACAT-France se mobilise, au côté de son épouse, pour qu’une enquête indépendante et impartiale soit menée afin d’établir les circonstances exactes de sa disparition et garantissant le jugement des responsables de sa disparition.
Pour lui écrire :
Sandya Eknaligoda
No. 136/2, Suhada Mawatha,
Hiripitiya Road
Pannipitiya Sri Lanka