Entre le 23 novembre 2019 et le 22 décembre 2019, cinq jeunes activistes de la société civile congolaise ont été arrêtés pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », une accusation extrêmement vague régulièrement utilisée par le régime pour mettre en prison ses dissidents. Ils sont détenus arbitrairement à la maison d’arrêt de Brazzaville depuis cette date, pour avoir exercé pacifiquement leur liberté d’expression, malgré le fait que le juge d’instruction du Tribunal de grande instance de Brazzaville a ordonné la remise en liberté provisoire de ces jeunes activistes politiques et ce, depuis le 30 mars. Jusqu’à ce jour, cet avis de notification d’ordonnance n’a pas été appliquée. Il semblerait que le Procureur de la République ait fait appel de la décision sans rien apporter de nouveau au dossier ce qui aurait immédiatement bloqué la remise en liberté provisoire des congolais. Il s’agit clairement d’une violation du droit car la décision du juge de prononcer la liberté est normalement irrévocable. Le dossier des prévenus serait actuellement au niveau de la chambre d’accusation à la cour d’appel pour avis. Notre partenaire, l’OCDH, prévoit de nous associer à une action commune suite à notre AU : https://www.acatfrance.fr/actualite/detention-arbitraire-de-cinq-jeunes-activistes-congolais–
Ces jeunes activistes sont dans le viseur des autorités congolaises depuis longtemps. Elles leur reprochent de communiquer sur les réseaux sociaux des messages de soutien à la démarche électorale d’Andrea Ngombet – activiste et opposant au régime de Denis Sassou Nguesso.
L’ACAT-France se préoccupe des conditions de détention de ces cinq jeunes, dans un pays où l’usage de la torture et des mauvais traitements est courant, notamment à l’encontre des personnes soupçonnées de critiquer le régime en place.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2021 – à laquelle le président Denis Sassou Nguesso, âgé de 76 ans, sera à nouveau candidat – leur détention pour « atteinte à la sécurité de l’Etat » apparaît comme un signal négatif adressé à la société civile congolaise, à sa jeunesse tout particulièrement, et à tous ceux qui voudraient faire usage de leur liberté d’expression pour critiquer pacifiquement les autorités au pouvoir et/ou pour promouvoir des mouvements et partis d’opposition.
Le régime de Denis Sassou Nguesso – qui cumule plus de trente-cinq ans de pouvoir – a en effet très peur que la jeunesse congolaise se mobilise et se coordonne pour demander l’alternance politique dans le pays. Le régime est par conséquent extrêmement vigilant des initiatives qui peuvent être prises et casse toute velléité de prise de position pouvant faire adhérer la jeunesse à des dynamiques anti-régimes. La justice est particulièrement instrumentalisée pour réduire au silence les adversaires politiques de Denis Sassou Nguesso.
*Mise à jour du 15.06.2020 : L’un des prévenus Celeste Nlemvo Makela a depuis été libéré.
Pour leur écrire
ACAT-France—CONGO
Action NDV 2020
Celeste Nlemvo Makela, Parfait Mabiala, Franck Donald Saboukoulou, Guil Ossebi et Meldry Dissavoulou
7, rue Georges Lardennois
75019 Paris
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